Une majorité trop satisfaite de son bilan et en décalage sur les besoins réels des habitants
- Michel CADET
- 27 mars
- 5 min de lecture
Périgueux, Conseil Municipal du 26 mars 2025

Compte Administratif:
Notre intervention:
L'instabilité budgétaire nationale en 2025 (loi de finances adoptée en février) rend le CA 2024 crucial pour préparer le budget 2025. La ville aurait dû mieux anticiper de potentielles difficultés financières en se basant sur trois grands piliers.
1. Premier pilier : la nécessité d’une maîtrise des dépenses de fonctionnement, et pourtant…
Les charges de personnel en constante augmentation représentent 63,3 % des dépenses de fonctionnement, avec une augmentation de 20 % entre 2021 et 2024, malgré une baisse de 16 ETP entre 2023 et 2024.
Des chiffres sur les effectifs varient fortement (674 agents dans le CA 2024 vs 715 dans le rapport organisationnel présenté il y a un mois). Les effectifs réels de notre maison semblent difficiles à évaluer.
2. Deuxième pilier : la nécessité d’un endettement raisonné, et pourtant…
L'encours de la dette est passé de 32 M€ fin 2023 à 35 M€ fin 2024, et pourrait atteindre 42 M€ fin 2025 avec les emprunts en cours. A noter : 28% de prêts à taux variable.
La dette par habitant a augmenté à 1140 €/personne, au-dessus de la moyenne pour des villes similaires.
Le délai de désendettement sous ce mandat est passée de 4,4 à 6,1 années, et pourrait encore se dégrader et atteindre les 10 ans fin 2025, dépassant ainsi le seuil de vigilance.
3. Troisième pilier : la nécessité d’investissements maîtrisés et cohérents intégrant les budgets de fonctionnement, et pourtant…
Il n’est plus nécessaire de revenir sur vos réalisations où tous les budgets ont explosés ... Mais on peut s’interroger sur le budget de fonctionnement du stade qui ne semble pas encore arrêté, pourtant nécessaire à comprendre le modèle économique que vous avez mis en place, ou pas d’ailleurs…
Le constat d’investissements « jamais vus de mémoire de périgourdins », annoncés triomphalement il y a un an, bien en-deçà, et c’est heureux, des prévisions (31 M€ au BP, réduits à 20 M€ réalisés) et un reste-à-réaliser pour 2025 conséquent (11 M€).
L'emprunt prévu de 15 ou 16 M€ a été utilisé à hauteur de 7,1 M€, ce qui a évité d'aggraver la situation financière. Cependant, le financement des investissements reste préoccupant.
La capacité d'autofinancement ne permet pas de couvrir tous les investissements en cours, ce qui pourrait nécessiter des hausses d'impôts ou des mesures d’économie que l’on ne perçoit pas aujourd’hui.
Nos interrogations supplémentaires sur le CA 2024 :
Quels sont nos obligations de rachats en attente à l'EPF et leur temporalité ?
La Taxe Communale sur la Consommation Finale d’Électricité est-elle bien affectée à l'entretien et la modernisation de l’éclairage public ?
Quand seront remboursées les sommes dues à Indigo (1.2 M€) compensant la gratuité de stationnement ?
Où en est le comparatif financier promis par Madame Marchand sur la reprise en régie de la restauration collective ?
Quel est le montant réel totalisé des dépenses en frais de réception et banquets, qui semblent en forte hausse, et leur impact sur les comptes ?
En conclusion, si la situation semble acceptable pour 2024 avec toutes les réserves sur l’endettement exprimées plus haut, les restes à réaliser réels sur les travaux en cours vont peser très fortement sur les prochains exercices. La situation financière de la ville de Périgueux se dégrade, comme annoncé régulièrement par l’opposition, avec un endettement croissant, une gestion des dépenses de fonctionnement difficile et une capacité d’autofinancement insuffisante pour porter les investissements futurs. Certes, il est possible d’accuser les causes extérieures (choix gouvernementaux sur les traitements des personnels, forte hausse des taux d’intérêts…), mais c’est bien par notre capacité de gestion et nos choix politiques que nous devrions anticiper au mieux le dimensionnement maitrisé, raisonnable et soutenable de nos projets.
Débat d'Orientation Budgétaire:
Notre commentaire:
Deux points à souligner :
Une hausse raisonnable des dépenses de fonctionnement, avec une volonté affichée de réduire les charges à caractère général de 5% (effort demandé aux services), mais des charges de personnel prévues encore en augmentation de 500 000 euros (27,3 M€), certes en lien avec les mesures de l’Etat, mais en résonnance avec nos réflexions des années antérieures sur les conséquences de la reprise en Régie de certaines activités, faisant grossir une masse salariale dont les charges restent moins bien contrôlées qu’avec une DSP.
Dans le cadre des orientations budgétaires 2025, il serait judicieux de préciser le montant des crédits nouveaux affectés puisque les RAR 2024 de 11 M € ont déjà été votés, permettant ainsi à chacun de connaitre avec sincérité le niveau réel d’investissement pour 2025 et le ratio des 4 millions d’emprunt nouveau prévu en 2025.
Le débat:
Les vraies problématiques seront encore occultées dans ce dernier Débat d’Orientation Budgétaire de votre mandature au-delà des éléments de langage, de sempiternelles formules bien pensantes avec « une réponse forte et résolue aux urgences climatiques, écologiques », « un effort inédit pour la qualité de vie »… Il faut attendre le 5eme item pour entendre évoquer l’économie, l’emploi et l’attractivité et terminer évidemment par une ode à « une véritable démocratie locale » dont seule votre équipe semble en être capable… nous ne le voyons chacun dans nos quartiers respectifs et dans l’écoute déployée dans les désormais fameuses balades urbaines.
Les vraies problématiques des périgourdines et des périgourdins n’étaient pas dans la dépense démesurément incontrôlée voire opportuniste (18 M€ aujourd’hui, probablement plus demain) de la nécessaire rénovation d’une tribune de notre stade, dans la réfection d’une rue essentielle de notre centre-ville, mais dont les deux projets auraient pu être redimensionné pour rester raisonnables. Nul ne peut vous reprocher d’avoir rénové une école en mauvais état… mais pour finir ce sont des matériaux luxueux pour des extérieurs voulus non genrés sans, il faut le dire, aucune rénovation intérieure des salles de classe. Seule la cantine a bénéficié d’une nécessaire rénovation mais là encore, projet voté à 1.6 M € il y a 4 ans et aujourd’hui, atterrissage à 4 M€… Une absence affichée de maitrise en termes de gestion.
Les vraies problématiques des périgourdins sont dans leur quotidienneté et dans l’attractivité de la ville :
En premier l’insécurité, "gros mot" populiste ou qualifié d’extrême droite dans la bouche de certains, jamais traitée mais dossier qu’il faudra prendre à bras le corps dès demain, les nuisances sonores, les déchets, les déjections canines, la propreté de la ville, les déformations des trottoirs, les dégradations des chaussées, les toilettes publiques insuffisantes, les îlots de fraicheur plus utiles qu’un aride décompte en fin de mandat, du nombre d’arbres plantés, le manque de fluidité de la circulation avec les couloirs réservés, la dangerosité des axes cyclables, les chicanes et autres coussins berlinois, la non intuitivité des plans de circulation effrayant nos conducteurs le plus âgés, la difficulté technique et la contre productivité de la généralisation du 30 km/h à l’ensemble des rues, l’oubli incongru d’axes cyclables en site propre, l’extinction voulue ou subie des éclairages publics aggravant l’insécurité, la place donnée à nos animaux de compagnie… Faire de Périgueux, une ville joyeuse et séduisante pour tous les âges, dont on doit être fier.
En second, c’est bien sûr l’inventivité et la prospective pour favoriser la sauvegarde de notre tissu économique, de nos commerces, la capacité à attirer des jeunes couples avec enfants, de créer du logement, d’animer la ville avec des évènements internationaux de qualité sur le plan culturel. Une attractivité qui se doit être économique, culturelle, touristique et sportive.
Et ne venez pas nous donner des leçons de social et de solidarité.
Un seul exemple pour le plan handicap « Ad’AP »: la loi de 2005 oblige que la commission communale d'accessibilité dresse un état des lieux en matière d'accessibilité du cadre bâti existant, de la voirie, des espaces publics et des transports et que son rapport annuel soit présenté au conseil municipal agrémenté de toutes propositions utiles de nature à améliorer la mise en accessibilité de l'existant. A ce jour, en cinq ans, ce rapport ne nous a jamais été présenté. On en est là, et 2025 ne verra sans-doute pas de fauteuil roulant au milieu de la Tour de Vesone…