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Périgueux: des bulldozers à contresens de l'Histoire

Question écrite sur les terrains de "Font Laurière". Conseil Municipal 31-01-24




Discussion:

Le site de "Font Laurière" est une propriété de l’État de 6 800 m², occupée autrefois par le centre aéré de la DDE, puis plus récemment par une école occitane, la Calandreta, "petite alouette".


Elle est située au n°49 de la rue Font-Laurière à Périgueux, à l’angle de la rue Ferdinand Dupuy, tout près de la voie verte, et a été vendue, pour une petite partie (2 300 m²) à la Ville lors du Conseil Municipal du 28 juin (partie en rouge sur la carte). L’autre (4 500 m²) est gardée par l’Etat pour y réaliser un parking pour la cité administrative (orange sur la carte), partie ou préexistait déjà un parking de 30 places, un ilot de fraicheur arboré propice à la faune et à la flore.


La municipalité a acheté ce terrain (parcelle 435) pour 175 000 euros en 2023. « Cette parcelle est stratégique », a indiqué la maire, Delphine Labails.

En effet, la Ville souhaite y installer une maison de quartier, ainsi qu’une maison médicale pour « répondre à une problématique de santé publique ». Une fois le terrain acquis, les bâtiments présents sur ces parcelles, amiantés, seront démolis.


Deux interlocuteurs – L’Etat et la Ville- et des problématiques dans ce quartier déjà malmené depuis des mois par les travaux interminables de la rue Claude Bernard (Dégradation des rues du Colonel Raynal, Paul Doumer, Ferdinand Dupuy, Fernand de la Tombelle…), déformation des trottoirs, vitesse excessive des usagers, contournements laborieux, poussière et bruit, problématique de panneaux de signalisation) avec des habitants agacés et peu concertés voire pas du tout.


Si ces projets peuvent a priori être considérés comme souhaitables, surtout ceux de la Ville, les premiers travaux réalisés par les services de l’État aboutissant à la destruction pure et simple d’un espace naturel pour le transformer en une dalle uniforme, augurent mal de l’intention de préservation de l’environnement réduit à sa plus simple expression : le vide.

Il me semble urgent de faire toute la clarté sur les devenirs de ce deux nouvelles parcelles, secteur qui fait partie de l’histoire du quartier.

Il me paraîtrait souhaitable, pour éclairer nos concitoyens de manière complète et transparente, que ce soit la municipalité qui interpelle l’Etat sur les questions que je me pose ainsi que d'autres habitants du secteur, et déclencher une concertation conjointe avec la population.

Cela m'éviterait d’avoir à saisir Monsieur le préfet pour connaître ses réponses.

Pour la parcelle acquise par la municipalité, je demande à Madame la Maire d’apporter des précisions sur ses deux projets.

 

Se posent des questions de l’exemplarité de l’Etat sur ce dossier :

 

Quelles ont été les précautions prises dans cette zone d’intégration paysagère de AVAP (Aire de Mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine) ?


L’aire correspond, dans ce dossier, à un SIP (Secteur d’Intégration Paysagère).

Cette AVAP a été votée par délibération du 8 février 2018 du Grand Périgueux, qui était seul compétent le 1er octobre 2015 en matière de planification urbaine. Il a approuvé le projet d'AVAP de la Ville de Périgueux.


L'AVAP étant opposable depuis le 6 avril 2018 tout dossier déposé compris dans ce périmètre doit désormais s'y conformer.


Des prescriptions existent sur la construction d’aires de stationnement nouvelles :

« Dans le cas d’une opération nouvelle, la question du stationnement devra être traitée en amont, avec le souci de rendre les véhicules les moins perceptibles possibles à partir de l’espace public. Ils devront obligatoirement être séparés de la voie et hors de la vue des passants »

« L’accent porté sur le cadre paysager participera au développement de l’écrin végétal en place sur le territoire. »

« L'espace urbain doit être traité avec des matériaux n’imperméabilisant pas le sol afin de favoriser l'écoulement des eaux et leur absorption dans le sol. »

« Les plantations doivent respecter une palette végétale propre au caractère du lieu. Les arbres existants doivent être conservés et les essences traditionnelles locales replantées en cas d'abattage pour raison sanitaire ou de sécurité. »


Secteur d’Intégration Paysagère de l'AVAP 2018


L’abattage « sauvage » des arbres de la parcelle de l’Etat était il nécessaire et légal ?


A l’heure de la préservation des espaces naturels en ville, utiles pour la biodiversité et les nécessaires ilots de fraicheur pour les habitants, sans concertation, à notre connaissance, des services municipaux, sans étude d’impact, sans concertation des riverains. Des bulldozers ont déraciné et décaissé le terrain.


Comme le dirait Nelly Dausse, adjointe à l'environnement lors de la précédente municipalité, dans sa publication sur Facebook, "La Calendreta, "Petite alouette" est plumée, chassée par les bulldozers, les arbres ont été arrachés, la terre retirée, le sol écrasé..."


"Le jardin près de la fontaine 

Couvert de vigne vierge et de toiles d’araignées, sentait la confiture et l’obscurité

L’automne, l’enfance, l’éternité...

Les arbres ont disparu et ça sent l’hydrogène sulfuré"

Nino Ferrer

Pourquoi une chronologie accélérée ces dernières semaines?











Quelle est la pertinence d’un nouveau parking ?


Concernant la création de 33 places de parking par l’Etat, conformément à une réponse apportée par le Secrétaire général commun départemental de la Dordogne, à Madame Nelly Dausse, membre de « « l’Amicale des Potes de Fernand », riveraine et adjointe à l'environnement de la précédente municipalité, des informations ont été apportées et l'assurance que toutes les étapes de cette opération ont été réalisées en conformité avec les règles d'urbanisme de la ville de Périgueux et ont été portées à la connaissance des collectivités concernées


A l’heure de la réduction de l’artificialisation des sols, de la volonté de réduire l’utilisation de la voiture individuelle, de favoriser des plans de déplacements des personnels administratifs plus respectueux de l’environnement (parkings relais, Péribus et BHNS, navette ferroviaire, covoiturage, mobilités actives), devons nous construire un parking supplémentaire de 30 places ?

Serait-ce en plus des 30 places existantes ?

Quid des places de véhicules de services évoquées, des places réservées au covoiturage, aux bornes de recharge des voitures électriques, à des dalles engazonnées, à des ombrières photovoltaïques (qui seront certainement absentes car nécessiteraient une demande permis de construire...)?

Quel seront les entrées et sorties de la voie de servitude de ce parking ?


Sur ce dossier, la complexité est que l'Etat est propriétaire de son terrain et qu'il n'a pas à faire de déclaration d'urbanisme si le parking reste privé et réservé à ces agents. Il instruit lui-même le dossier. La situation est différente selon le nombre de places de parking prévues (< 50 ou > 50) mais dans tous les cas, l'Etat doit respecter les prescriptions et les réglementations qui s'imposent aussi à lui: AVAP, PPRI, PLUi, gestion des eaux pluviales, diagnostic archéologique ... Un éclairage officiel serait le bienvenu en espérant qu'il ne sera pas trop tard pour le gallo-romain!

 

Quid des autorisations et prescriptions de cette construction sur un terrain situé en zone de crues de faible ou moyenne probabilité ? 



Quelles précautions seront prises sur la possible richesse archéologique du sous-sol et la préservation des sources du Jurassique de Font Laurière (ou Sainte-Sabine), Font Chaude qui se jettent dans le canal à hauteur du stand de tir de la garnison ? Un diagnostic complémentaire archéologique est-il prévu ou a t-il été réalisé avant la passage des bulldozers?


Ces sources signalées par l’archéologue Henry Wilgrin de Taillefer, bien répertoriées depuis dans l'Atlas Historique de Périgueux, seraient des sources sacrées adorées par les pétrocoriens mais jamais vraiment explorées. Ces travaux pourraient être l’occasion de sondages ou de fouilles.

Dans Histoire de l’eau à Périgueux depuis plus de 2000 ans il est écrit (en annexe ci-dessous)

« La richesse et la variété des eaux salutaires de l’Aquitaine sont soulignées par Pline l’Ancien. Dans le quartier de Vesone, aujourd'hui, des noms de rues évoquent des sources et des fontaines qui pourraient avoir été utilisées durant l'antiquité : Font Claude, Font Laurière, dite plus tard Sainte-Sabine, Font Chaude source probablement chaude. Les habitants vont y chercher l’eau dans de grandes cruches ou des amphores recyclées ».


Extrait Plan Historique de Périgueux - Edition Cadastre de Périgueux 1824

Coordinateur Ezéchiel JEAN-COURRET - Atlas Historique des Villes de France


Quelles précautions seront prises pour protéger le canal en contrebas des pollutions éventuelles du sol par les nombreux véhicules stationnés et quid de l'élimination des eaux pluviales?

 

Quel est l’usage prévu du restant du terrain non occupé par le parking, dont la surface totale est de 4 493 m² ? Sera-t-il végétalisé. Est-il constructible ?

 

Quelles mesures seront prises dans les voisinage pour prévenir des nuisances supplémentaires liées à la forte circulation automobile générée par cette offre de stationnement supplémentaire ?  

Des conséquences vont être indéniables sur le niveau de pollution (microparticules, GES), sur l'état de la voirie des rues adjacentes, sur la voie verte du chemin de halage de plus en plus fréquentée par des véhicules de passage, sur la sécurité des riverains (aucun contrôle de vitesse, trottoirs inexistants sur certains secteurs) et  sur l’impact de la valeur immobilière locale.

 

Se posent des questions sur la destination annoncée de la parcelle de 2 300 m² acquise par la Ville :


Quelles sont les précautions prévues répondant aux exigences du PLU, de l'AVAP du PPRI et de la nécessité d'un diagnostic archéologique en lien avec du bâti et les sources répertoriées sur ces parcelles ?


Quel destin est-il réservé aux arbres présents sur ce terrain (notamment acacias et prunus) sachant que les autres arbres de la parcelle voisine ont été détruits par les services de l’État?

Quel plan de circulation est prévu dans le cadre de l'afflux de véhicules des deux structures prévues et notamment celui de la Maison Médicale, avec un passage quotidien de 150 à 200 usagers, sans compter l'accès d'une cinquantaine d'agents au parking administratif voisin et l'impact sur le stationnement résidentiel dans un quartier déjà saturé.

Quelle concertation est envisagée avec les riverains ?

Où en est la progression de la conception de la Maison de Quartier et de la Maison de Santé annoncées ? Le plan est-il achevé ?


Concernant la Maison médicale,

  • De quoi parlons nous? d'un bâtiment construit et propriété de la ville loué aux professionnels de santé, d'un bâtiment construit par la ville mais destiné à être cédé aux professionnels de santé ou tout autre investisseur, d'une parcelle de terrain cédée d'emblée à un investisseur pour y construite un bâtiment ?

  • Quel sera le rôle de la Ville ? Propriétaire bailleur, Co-propriétaire, Aménageur, Animateur ? 

  • Parlons nous d’une Maison de Santé ? C’est à dire une structure pluriprofessionnelle dotée de la personnalité morale, constituée entre professionnels médicaux et auxiliaires médicaux libéraux, qui doivent élaborer un projet de santé attestant de leur exercice coordonné sous contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens avec l’ARS qui subventionnera son fonctionnement ?

  • Parlons nous d’un Centre de Santé ? Mono ou pluriprofessionnel dont les professionnels de santé sont salariés et tenus de pratiquer le tiers payant ?

  • Quels coûts prévisionnels ? Quels délais de réalisation ?

  • Quels partenaires financiers en fonction de ces destinations ? Etat, Région, Département, Agglomération, Commune, Fonds privés ?

  • Des médecins ont-ils déjà été identifiés et s’agit-il de simples déplacements de médecins déjà installés sur le secteur ou de création de nouvelles patientèles ?

  • Est-ce la prolongation de la mission de la Société Office Santé qui cible les médecins déjà installés dans ces démarches ?

Vous conviendrez que de débaucher un médecin déjà installé sur la même commune, où existent essentiellement des cabinets de groupe - il reste très peu de médecins avec un exercice isolé - ici à Périgueux, serait dangereusement contre-productif. Si certains de mes collègues médecins ou moi-même nous installions après ce démarchage dans une MSP, rue Font Laurière par exemple, et quittions notre lieu d’exercice actuel, non seulement nous déséquilibrerions nos structures existantes, mais nous n'aurons pas réglé le problème de prise en charge des patients sans médecin traitant.


Concernant la maison de quartier, s’agit-il : 

  • Fonction simple d’accueil de réunions, quelle capacité ?

  • Fonction d’animation ? Espace d’animation sportive ? Ateliers ?

  • Permanence de l’accueil ?

  • Annexe de la Bibliothèque ?

  • Présence de personnel ?

  • Autres services administratifs ?

  • Présence d’autres partenaires ? 



 

Libellé de la question écrite : Conseil Municipal 31/01/24

Concernant le projet "Font Laurière" (celui porté par l’Etat et celui porté par la municipalité de Périgueux), interpellé par des concitoyens, je souhaitais que des précisions puissent nous être apportées tant par l'Etat que par la Ville:


A. Que la Municipalité saisisse les services de l’Etat afin de préciser :


1) Les conditions de création d’un parking réservé à la cité administrative sur une parcelle légalement protégée: les dispositions techniques prises pour assurer un diagnostic archéologique, la protection de la biodiversité, la non pollution des sols et de la nappe phréatique (notamment la source Laurière et le canal), les incitations prévues pour les agents à stationner dans leur parking réservé plutôt que sur le reste de la voirie .

 

2) Les conditions du respect des autres dispositions répondant aux règles de l’AVAP et du PPRI notamment la justification de l'abattage d'arbres non malades et non dangereux, la réalisation d’une étude d’impact environnemental et dans la cadre du plan de circulation l'anticipation de l’accroissement de la circulation de plus de 200 véhicules par jour dans les rues résidentielles liée à ces nouveaux usages.

 

3) L'organisation du site précisant l'implantation sur le terrain : voiries, stationnements réservés et perméabilisation des sols, ombrières photovoltaïques, borne de recharge électriques, plantations nouvelles prévues, systèmes d’éclairage conforme à la trame noire pour être exemplaire.

 

4) Le plan de circulation dans ce quartier résidentiel et le dispositif de sécurisation de l’accès automobile des parkings, de sa jonction avec la rue Font Laurière, la circulation des piétons et des vélos

 

5) Le programme d’entretien prévu


6) La superficie de la zone de stationnement (30, 50, 100 véhicules?) et le devenir du reste de la parcelle non utilisée

 

 B. Que la Municipalité précise la conception de son double projet sur la parcelle acquise:

 

1) Quelles sont les précautions prévues répondant aux exigences du PLU, de l'AVAP du PPRI et de la nécessité d'un diagnostic archéologique en lien avec du bâti et les sources répertoriées sur ces parcelles ?

 

2) Quel destin est-il réservé aux arbres présents sur ce terrain (notamment acacias et prunus) sachant que les autres arbres de al parcelle voisine ont été détruits par les services de l’État?

 

3) Quel plan de circulation est prévu dans le cadre de l'afflux de véhicules des deux structures prévues et notamment celui de la Maison Médicale, avec un passage quotidien de 150 à 200 usagers, sans compter l'accès d'une cinquantaine d'agents au parking administratif voisin et l'impact sur le stationnement résidentiel dans un quartier déjà saturé.

 

4) Quelle concertation est elle envisagée avec les riverains ?

 

5) Où en est la progression de la conception de la Maison de Quartier et de la Maison de Santé annoncées ? Le plan est-il achevé ?


Concernant la Maison médicale,

  • De quoi parlons nous? d'un bâtiment construit et propriété de la ville loué aux professionnels de santé, d'un bâtiment construit par la ville mais destiné à être cédé aux professionnels de santé ou tout autre investisseur, d'une parcelle de terrain cédée d'emblée à un investisseur pour y construite un bâtiment ?

  • Quel sera le rôle de la Ville ? Propriétaire bailleur, Co-propriétaire, Aménageur, Animateur ?

  • Parlons nous d’une Maison de Santé ? C’est à dire une structure pluriprofessionnelle dotée de la personnalité morale, constituée entre professionnels médicaux et auxiliaires médicaux libéraux, qui doivent élaborer un projet de santé attestant de leur exercice coordonné sous contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens avec l’ARS qui subventionnera son fonctionnement ?

  • Parlons nous d’un Centre de Santé ? Mono ou pluriprofessionnel dont les professionnels de santé sont salariés et tenus de pratiquer le tiers payant ?

  • Quels coûts prévisionnels ? Quels délais de réalisation ?

  • Quels partenaires financiers en fonction de ces destinations ? Etat, Région, Département, Agglomération, Commune, Fonds privés ?

  • Des médecins ont-ils déjà été identifiés et s’agit-il de simples déplacements de médecins déjà installés sur le secteur ou de création de nouvelles patientèles ?

  • Est-ce la prolongation de la mission de la Société Office Santé qui cible les médecins déjà installés dans ces démarches ?

 

Concernant la maison de quartier, s’agit-il : 

  • Fonction simple d’accueil de réunions, quelle capacité ?

  • Fonction d’animation ? Espace d’animation sportive ? Ateliers ?

  • Permanence de l’accueil ?

  • Annexe de la Bibliothèque ?

  • Présence de personnel ?

  • Autres services administratifs ?

  • Présence d’autres partenaires ? 

 

       

 

Délibération du CM 28 juin 2023 - achat parcelle 435



 

AVAP Ville de Périgueux - 2018, opposable depuis avril 2018


 

Histoire de l'eau à Périgueux - 2011


 

Exceptionnel extrait des "Documents d’Archéologie et d’Histoire Périgourdines", 31, 2016

"COBLEDULITAVOS, OUESONA, STANNA, TELO... Divinités des eaux des Pétrucores. Gauloises ou gallo-romaines?"

Avec l'aimable autorisation de son auteur Christian CHEVILLOT


 

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