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Pour ou contre l'uniforme à l'école? C'est une question vestimentaire parmi d'autres!

REPLAY D'UNE PUBLICATION DU 31 AOUT 2023 QUI REDEVIENT D'ACTUALITE!

Je vous reposte la publication du 31 aout dernier sur la controverse de l'uniforme à l'école, sujet qui me semble pourtant assez anecdotique par rapport aux préoccupations qui devraient être les nôtres en 2024 (sécurité, déserts médicaux, employabilité, fragilité économique...)!


Publication 31/08/24


Une controverse, depuis quelques mois, plutôt soutenue par Gabriel Attal, le nouveau ministre de l'Education Nationale, traverse les partis, celle, dans nos écoles, de l'égalité par l'uniforme pour rendre moins visible, à la fois les signes distinctifs de religion et de classe sociale.


« J‘ai porté l’uniforme comme élève : 15 ans de jupette bleu marine, pull bleu marine. Et je l’ai bien vécu ». Dans les colonnes de « Le Parisien » , le 12 janvier 2023, Brigitte Macron livre un véritable plaidoyer pour l’uniforme à l’école. « Cela gomme les différences, on gagne du temps - c’est chronophage de choisir comment s’habiller le matin - et de l’argent - par rapport aux marques », dit la « première » dame. Mais ce sujet est très controversé, jusqu’au sein du camp présidentiel.

Le parti d’Emmanuel Macron, Renaissance, a lancé un groupe de travail à l’Assemblée nationale sur le sujet. C’est « un vrai débat », a estimé à l’époque Gabriel Attal, encore ministre des Comptes publics, invité de BFMTV-RMC. (…) « Je pense que ça fait partie des sujets qui pourraient donner lieu à des expérimentations, je crois beaucoup à l’autonomie des établissements scolaires ». Maintenant Gabriel Attal est le ministre de l’Éducation ! Son prédécesseur, Pap Ndiaye avait, à l’époque, défendu sur la même chaîne ne pas vouloir « ouvrir ce débat, en tout cas à l’échelle nationale ». « Je ne veux pas de loi à ce sujet. Imposer l’uniforme à tous les élèves, c’est non », avait-il martelé, tout en relevant qu’un établissement pouvait en instaurer un au niveau local.


Une proposition de loi du Rassemblement National visant à rendre obligatoire l’uniforme dans les écoles et collèges publics a été rejetée mi-décembre 2022 en commission à l’Assemblée, malgré le soutien d'une partie de la droite. Mais on voit bien les tentations, affichées dans les propos ci-dessous de Laurent Jacobelli, le député Rassemblement National: cette question « traverse tous les courants politiques parce que c’est du bon sens », a t'il estimé sur RFI, « ça permet de ne pas afficher les différences sociales, et de lutter contre une forme d’attaque de la laïcité aujourd’hui menée principalement d’ailleurs par l’islam radical ».


Le sénateur Les Républicains Bruno Retailleau a assuré dans un tweet qu’il s’agissait d’ « une cause sur laquelle nous pourrons nous retrouver », en évoquant l’interview de la « première » dame « Pour préserver nos enfants, à la fois du communautarisme et du consumérisme. Nous porterons une telle proposition très prochainement au Sénat », a-t-il expliqué.


A force de réveiller des pseudo crises identitaires, ne va t'on pas créer de nouvelles crispations inutiles favorisant le développement de pensées plus extrémistes et accentuer un état de tension déjà bien trop élevé?


A dire vrai, ce n'était peut-être pas la priorité de la rentrée 2023 dans l'Education Nationale...


« C’est un vieux débat. L’État devrait consacrer du temps non pas à la question de savoir comment on habille les élèves, mais comment on fait réussir les plus défavorisés », avait réagi Bruno Bobkiewicz, secrétaire du SNPDEN sur France Info.

Arguments pour l'uniforme scolaire

Il existe de nombreux avantages concernant le port de l'uniforme dans les écoles

  • Un sentiment d’appartenance à une communauté encourageant des comportements d'entraide, de solidarité et de coopération entre les élèves, notamment pour faire les devoirs.

  • Du temps gagné le matin... Une considération pratico-pratique peu convaincante car dans ce cas devrait être appliquée dans d'autres domaines: l’uniforme évite de se "casser la tête" chaque matin pour savoir comment habiller son enfant.

  • Une réduction des discriminations, puisque tout le monde est habillé pareil, il n’y a pas de distinction entre ceux qui portent des vêtements de marque et les autres.

  • Ordre et discipline, l’argument qui revient le plus souvent. Le port de l’uniforme favoriserait l’ordre, le sérieux et la concentration. Il permettrait de renforcer la discipline et l'autorité des professeurs en mettant immédiatement les élèves dans des conditions de travail.

Argument contre l'uniforme scolaire

Mais un certain nombre de contradicteurs nuancent ces arguments en faisant valoir que :

  • L’uniforme date d’un autre temps, car perçu comme le symbole d’une époque beaucoup moins progressiste que la nôtre. Une époque où l’on se souciait moins de la pédagogie, où la plupart des écoles n’étaient pas mixtes et où les élèves se faisaient taper sur les doigts à la moindre faute.

  • Il repose sur des stéréotypes de genre, et a souvent tendance à accentuer les stéréotypes de genre : jupe pour les filles, pantalon et cravate pour les garçons.

  • L’uniforme entraîne une perte d’individualité, parce que tout le monde est habillé de la même manière, empêchant les élèves d’exprimer leur personnalité, surtout au moment de l’adolescence. Il contribue ainsi à renforcer le conformisme et la soumission aux normes plutôt que d’encourager l’indépendance des enfants.

  • Il ne réduit pas les inégalités sociales, tout au mieux, l’uniforme permet de masquer les inégalités entre les élèves, mais il ne les fait pas disparaître. Un élève venant d’un milieu favorisé conservera toujours un avantage pour avoir des bonnes notes, même s’il porte un uniforme.

  • De plus, l’uniforme peut paradoxalement devenir lui-même un élément de distinction. L’élève portant l’uniforme d’une école prestigieuse pourra toujours se moquer de celui portant les couleurs d’une école moins réputée.

  • L’uniforme, c’est un coût notable, élément qu’il ne faut pas négliger surtout à un âge où il doit être renouvelé tous les ans parce que les enfants grandissent.

Une alternative à l’uniforme obligatoire : l’expérience de Provins, mais résultat plutôt mitigé...

Une expérimentation sur l'uniforme scolaire a été menée à Provins (Seine-et-Marne - 77), durant l’année scolaire 2018-2019, consistant à proposer le port de l’uniforme dans les six écoles publiques de la ville, mais uniquement sur la base du volontariat.

62% des parents avaient voté pour ce projet, afin d’« éviter la discrimination » et « créer un environnement propice aux apprentissages ».

Cependant, le bilan de l’expérience est plutôt mitigé, puisque la majorité des élèves ont finalement cessé de porter l’uniforme au bout de quelques mois et les professeurs n’ont pas remarqué de conséquence notable sur les conditions d’apprentissage ou le comportement des élèves.


L'expérience britannique

Pour fréquenter des enseignants anglais, pays où l'uniforme a été longtemps le symbole ininterrompu de la qualité de l'éducation britannique, de l'identité de chaque établissement particulièrement dans le privé, de l'appartenance à une élite pédagogique et sportive et de la sélectivité des collèges, leur lecture actualisée de cette obligation vestimentaire est que la tenue uniformisée ne change en rien la perception de l'inégalité des classes sociales.


Le système scolaire anglais est différent du nôtre avec une autonomie de gestion des établissements scolaires et la présence continue de l'ensemble des enseignants sur la journée de classe qu'ils aient cours ou pas. C'est cinq heures de cours/jour (4 heures le matin et 1 heure l'après-midi), une pause de 20 minutes matinale et une pause méridienne de 35 minutes pour le repas, avec une fin des cours vers 15 ou 16h, laissant libre le reste de l'après-midi à d'autres activités.

C'est aussi la présence systématique tous les débuts de journée du professeur principal de chaque classe durant 20 min pour un temps d'annonces, d'échanges, d'approche de sujets de société, de lecture pour les plus petites classes... mais aussi de contrôle de la tenue vestimentaire!

Ce dernier point est important car il n'y a pas de surveillant et le respect des règles et la surveillance des pauses sont assurés par les enseignants, notamment à l'arrivée des élèves le matin.

Car qui dit obligation vestimentaire, dit aussi contrôle et sanctions éventuelles.

C'est là la problématique de l'uniforme "inclusif" qui pour certains petits malins, refusant de mettre la cravate ou de rentrer la chemise dans leur pantalon, force le professeur principal à les exclure de cours et qui pour d'autres familles, avec des difficultés financières, rend l'obligation d'uniforme finalement plus "exclusive" qu'"inclusive". En effet, il n'est pas rare de voir les plus jeunes des classes de sixième porter des vestes un peu ridicules aux manches trop longues mais qui permettent ainsi au costume de durer plus longtemps au fur et à mesure de la croissance de l'enfant!

Autre particularité du système anglais, c'est la gratuité complète de la scolarité publique (livres et fournitures scolaires). L'achat de l'uniforme ne se rajoute pas à des dépenses supplémentaires comme cela pourrait être le cas en France où le budget fourniture est déjà assez conséquent (plus de 100 euros en moyenne uniquement pour les fournitures sans compter les équipements sportifs soit, par rapport à 2022, entre 10 et 20% d'augmentation selon le niveau scolaire), même si l'Etat aide, via la CAF, par le versement aux familles les plus modestes d'une prime de rentrée de scolaire (environ 400 euros/enfant).

Il est donc difficile de copier le modèle anglais, privé ou public.


In fine, la marque des chaussures, le nombre de costumes personnels (avec le turn-over nécessaire à leur entretien et en conséquence leur propreté), sont aussi des marqueurs différenciants, mais ce qui accentue, en ce XXIème siècle, l'inégalité discriminante entre les élèves est la possession ou pas d'une tablette sophistiquée ou du dernier iPhone.

L'actualité polémique


A l'heure de la polémique sur l'abaya portée à l'école, pourtant initialement un vêtement traditionnel non religieux, mais identifiée comme un étendard identitaire par certains groupes et sur laquelle le ministre de l'Education a justement été très ferme et à l'écoute des chefs d'établissements, d'autres évoquent déjà la réminiscence du port du voile chrétien par certaines jeunes filles dans des communautés catholiques traditionalistes… C'est sans fin. C'est, au total, près de 5 000 signalements d'atteintes à la laïcité qui ont été répertoriés durant la dernière année scolaire (+ 120% en un an)!


A notre sens, et ce n'est pas être de droite que de dire cela, il est utile d'affirmer que dans un pays laïc et démocratique comme la France, des règles de vie dans nos écoles doivent être confortées même si parfois elles peuvent être perçues par certains comme contraignantes. C'est le sens d'un règlement intérieur. Elles doivent être justes et équilibrées et ne doivent pas être considérées comme attentatoires aux libertés. Elles concernent déjà les comportements, la sécurité, l'hygiène, l'usage ou l'interdiction de certains objets, le rappels des droits et devoirs de chacun. La tenue vestimentaire peut être un élément supplémentaire à mieux préciser car c'est souvent le sujet de vives polémiques facilement instrumentalisées.


L'esprit de ces règles reste, avant tout, de favoriser le vivre-ensemble, le respect de la différence et du pluralisme, la tolérance, la neutralité et la laïcité. La laïcité est un principe de liberté, liberté de croire ou de ne pas croire. La laïcité est au fondement de notre société et de notre école qui doit préserver les élèves de tout prosélytisme idéologique, économique et religieux.

Pour mémoire, l'Article141-5-1 du Code de l'éducation précise:

Un signe ou une tenue qui n'est pas, à proprement parler, religieux peut ainsi être interdit s'il est porté pour manifester ostensiblement une appartenance religieuse.


Il en va différemment dans l'espace public de nos villes où la liberté individuelle doit être priorisée et où chacun peut se vêtir comme bon lui semble dans le respect des lois de notre république.


L'école doit rester un sanctuaire neutre et laïc et nous devons être vigilants à ne pas laisser, notamment les jeunes filles, sous couvert de la défense des libertés individuelles, être des porte-drapeaux communautaristes.

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