C’est une rengaine qu’on entend souvent lorsqu’il est question de problèmes d’accès aux soins et de déserts médicaux : l’État paye les études de médecine et, en compensation, les carabins doivent rembourser ces années d’apprentissage en exerçant dans les zones sous-dotées.
Quelques tableaux succincts publiés par Egora* assez illustratifs de la situation.
Egora* est site d’informations médicales et professionnelles qui s’adresse aux médecins, étudiants des facultés de médecine et professionnels de santé (infirmier, kiné, dentiste…), qui édite des publications et organise les Journées Nationales de la Médecine Générale.
Selon une étude publiée par l’ISNI (Intersyndicale Nationale des Internes) en 2020, le plafond légal de 48 heures hebdomadaires est largement dépassé par les internes. Ils travaillent en réalité en moyenne 58,4 heures par semaine en stage. Cela peut même aller jusqu’à 70 heures en moyenne pour les spécialités chirurgicales… Et le calcul n’inclut pas les heures supplémentaires – qui ne sont pas rémunérées – ni les gardes.
En réalité, beaucoup d'internes réalisent de 80 à 100 heures par semaine, pour le même salaire.
"Sur un plan pratique, on sait qu’on rapporte de l’argent. Globalement, l’activité qu’on a aujourd’hui en tant qu’internes dans les hôpitaux, c’est une activité de seniors. J’en veux pour preuve qu’on réalise 70 % des prescriptions dans les hôpitaux”, affirme Gaétan Casanova, le président de l’ISNI, qui rappelle que les internes représentent 40 % du personnel médical de l’hôpital.
À ses yeux, si les internes sont obligés de faire leurs stages dans le public, c’est bien parce que l’État y trouve une rentabilité. “On fait le travail d’un chef… Entre payer quelqu’un 1 500 € et quelqu’un 4 000 € par mois, le calcul est vite fait”, ironise-t-il.