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Les périgourdins, marcheront-ils un jour sur Mars?

Incroyable, incongrue et dramatique politique culturelle sans vision et ... probablement sans financement. Erreur de jugement? Mauvaise décision? Ici, ce n'est pas une dispute "droite-gauche", mais bien l'urgence, pour les élus et les citoyens à collectivement défendre notre patrimoine historique commun.

 

PUBLICATION SYNTHETIQUE DE LAURENT MOSSION:

ALERTE PATRIMOINE SUR LA PORTE DE MARS

La porte de Mars est un élément emblématique du patrimoine gallo-romain de la ville de Périgueux située au 21 rue de la cité. Ce monument de la catégorie des portes frontales à deux tours a fait l’objet de fouilles. Il apparait comme un élément fondamental du parcours gallo-romain présenté dans l’étude préfiguration conduite par l’architecte scénographe Philippe Dangles. Les propriétaires de la parcelle et de l’immeuble sont vendeurs et ont fait une proposition d’acquisition à la ville de Périgueux. Devant l’échec des discussions et le refus de la Maire de Périgueux ils ont rédigé un courrier d’alerte à l’attention de différents partenaires. Avec Michel Cadet, Stéphane Becker et l’aide de personnalités impliquées dans le patrimoine nous avons sensibilisé des élus locaux, des services de l’état et des personnalités sur l’intérêt majeur représenté par la porte de Mars pour l’attractivité touristique de notre territoire. Nous nous interrogeons sur le refus de la Maire alors qu’elle vient de reprendre la compétence tourisme et qu’elle a inscrit 1,12 M€ dans le budget 2023 sur le parcours gallo-romain dans une ambition affichée d’investissement record. Nous pouvons tous agir pour faire entendre raison à l’actuelle majorité municipale sur ce dossier de la porte de Mars, sur cette opportunité unique d'en faire l’acquisition.

 

En vérité, je vous le confesse, cette Porte de Mars, puisque c'est d'elle dont il s'agit, je n'ai jamais eu la chance de l'approcher de près, juste pu régulièrement apercevoir son sommet en me haussant sur la pointe des pieds, depuis le trottoir d'en face, en scrutant main en visière, par dessus le haut mur d'enceinte de ce jardin privé, l'encadrant de droite avec son curieux escalier arrondi en surplomb.

Philippe Dangles, l'architecte-scénographe avait vu juste quand il avait inventé pour cette 9ème station du Parcours Gallo-romain, du fait du caractère privé de ce monument, une étroite fenêtre percée en meurtrière dans le mur du jardin familial, pour entrapercevoir, des blocs alignés de pierres taillées couvertes de lierre, de lichen et de mousse, et ainsi perpétuer le mystère de cet édifice qui a si longtemps échappé aux regards des curieux.


Ma planète à moi, n'est pas vraiment "l'astéroïde B 612", mais plutôt Mars. Je suis comme le Petit Prince de Saint-Exupéry, qui aimait admirer un mouton caché dans une boite close, ce qui offrait la liberté de vagabondage à son imaginaire sur l'idée qu'il se faisait de son mouton.


"On ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux".


L'imaginaire ne sera pas suffisant sur notre affaire aujourd'hui. Au delà de la mise en valeur touristique indispensable en 2023, ce patrimoine est en danger car il ne sera plus protégé par ces familles respectueuses qui ont su le préserver depuis dix-sept siècles. Il va être livré à des investisseurs, et sans porter de jugement d'intention, cette antique porte va subir les dégâts des usages du quotidien des familles occupant alors les nombreux appartement de l'immeuble situé au dessus.


C'est inimaginable pour tout périgo(u)rdin attaché à sa ville de naissance ou de cœur. L'idée que la ville ne l'acquière pas m'est, comme à vous j'en suis certain, insupportable! Nous devons réagir. Dans quelques jours, il sera trop tard.

Un manquement avéré de Delphine Labails, voire une vraie faute politique personnelle!

Factuellement, nous sommes nombreux à constater le ralentissement du projet de mise en valeur du Parcours Gallo-romain à Périgueux, pourtant essentiel à notre développement et notre attractivité.


La ville dispose d’un exceptionnel patrimoine antique valorisé dans un début de parcours avec de nombreuses autres stations prévues par Philippe Dangles, l'architecte scénographe mandaté sur ce projet. Seulement trois stations, à ce jour, sur les neuf prévues initialement, ont été réalisé... mais aucune dans cette mandature, c'est dire le peu d'empressement de la municipalité sur ce dossier.


Les derniers propriétaires de l'Immeuble, situé à l'angle de la rue de la Cité et de la rue Jacques Emile Lafon et bâti sur La Porte de Mars, désireux que le bien reste dans le périmètre du patrimoine de la ville ont décidé de vendre l'ensemble immobilier et ont rencontré, à plusieurs reprises, Madame la Maire et son cabinet. A ce propos, il n’est pas certain que beaucoup d’autres élus de sa majorité et encore moins de l’opposition aient été informé des négociations et aient pu échanger sur ce dossier incontournable car très attendu, ici, à Périgueux.


Pourtant très en veille sur ce dossier, nous n’apprenions que la semaine dernière que la Porte de Mars était en vente déjà depuis quelques mois. En toute discrétion, à la demande des propriétaires, nous sommes quelques dizaines de passionnés, dont Laurent Mossion, Conseiller Départemental et ancien Premier adjoint de la Ville, Stéphane Becker, suppléant d'Elisabeth Marty aux législatives, moi-même, ancien Président de l'Office de Tourisme Intercommunal, et d'autres habitants de toutes horizons politiques souhaitant rester anonymes, à multiplier les contacts dans nos différents réseaux pour qu'en l'absence d'un achat par la ville-centre, l'édifice puisse encore rester dans le domaine public.

La Porte de Mars est une porte monumentale, en très bon état car protégée, assez secrète car enclavée dans une propriété privée, en grande partie enterrée, conservée précieusement par la même famille depuis plusieurs générations. L'accès à des visites publiques y est toutefois organisé régulièrement par l'ancienne Directrice du Patrimoine de la Ville, récente retraitée mais toujours passionnée. Elle a régulièrement alerté les élus sur la nécessité d'intégrer ce monument dans notre patrimoine communal. Beaucoup d'autres villes nous envieraient pour cette attractivité.

Cette acquisition très attendue depuis 3 ou 4 mandatures, serait un investissement très profitable au tissu commercial de la ville qui est en souffrance comme dans beaucoup de villes moyennes.

Un temps, se disant très intéressée, l’actuelle municipalité a fait "trainer" sa réflexion d’opportunité et n'a plus souhaité finalement investir dans ce patrimoine au grand dam des propriétaires. Le prix de vente reste pourtant raisonnable. Aucune recherche de financements sur ces dossiers, par des appels à des Mécènes ou à des Fondations, ne semble avoir été étudié.

La famille propriétaire aurait préféré que ce bâtiment reste dans le bien commun car la porte est le chainon indispensable pour finaliser le parcours gallo-romain et la maison, au-dessus, idéale pour un CIAP (Centre d’Interprétation d'Architecture et du Patrimoine) nécessaire à Périgueux. L'urgence, est qu'après des mois de tergiversations avec des élus inconstants ou silencieux, elle a fini par trouver un investisseur privé qui va y réaliser des ...logements.

La famille a prévenu, la signature de la vente est imminente et sera irréversible !

Malgré l’urgence, Madame la Maire n'a pas trouvé le temps de recevoir un de ses élus, moi-même en l'occurrence, qui souhaitait travailler de concert sur ce dossier, sujet qui n'aurait pas du être l’enjeu de conflits politiciens, mais ma demande de rendez-vous de quelques quinze minutes a été impossible à intégrer dans son agenda et remise sine die, alors que de la réactivité s’imposait pourtant sur cette vente.


Par ailleurs, l’agglomération, pour des raisons de reprise de la « compétence tourisme » par la ville-centre sur son territoire, n’est pas vraiment légitime, malgré nos intenses et insistantes sollicitations, pour acquérir et sauver, au détriment de Périgueux, ce bien historique exceptionnel.

Pourtant, si la « compétence tourisme » était restée entière au Grand Périgueux, nous n’en serions pas là aujourd’hui…

Le Département, la Région, la DRAC, l’Etat à son plus haut niveau, tous sollicités, n’ont pas répondu directement à nos alertes mais ce sont visiblement emparés du sujet et des appels téléphoniques ont été échangé avec la Maire, sans succès à ce jour. La Mission Patrimoine, confiée à Stéphane Bern, déployée par la Fondation du patrimoine et soutenue par le ministère de la Culture et FDJ, qui contribue à la sauvegarde du patrimoine français dans toute sa diversité, a aussi été contactée il y a 8 jours... mais la venue du roi Charles III a probablement retardé la prise en charge de ce dossier!

Comment notre commune, qui porte en étendard son passé, en cours de renouvellement de son label "Ville d'Art et d'Histoire", peut refuser d'acquérir et mettre en valeur ce patrimoine emblématique et unique en Europe ? Y laisser construire des logements serait aussi iconoclaste que d'accepter la création d'un mur d'escalade dans la Tour de Vésone ou d'un parc d'attraction dans nos arènes.


Il ne peut s’agir que de trois possibilités:

  • Hypothèse n°1: une tension financière excessive du budget avec des services mis actuellement au « pain sec », pour ne pas être en mesure de mobiliser 0.3 à 0.5 M d’euros à l’heure où beaucoup de projets de la municipalité sont dispendieux, mal travaillés avec les partenaires et mal construits, à l’image des atermoiements du stade de rugby, qui, avec les autres équipements sportifs oubliés initialement, se rapprochera vraisemblablement des 16 à 18 M d’euros soit un cout multiplié par plus de deux en quelques mois et plus alarmant, non encore à ce jour cofinancé par les partenaires, sans dépôt de permis de construire à cette date; 1.5 M d’euros pour la place Montaigne; 2.2 M d’euros pour refaire un énième fois la rue Taillefer, resonder et planter 2 arbres dits « majestueux » avec une pergola place de la Clautre… Des décisions très contestables, notamment dans leur temporalité, car ces nouveaux travaux vont achever notre commerce de centre-ville.

  • Hypothèse n°2, plus inquiétante, serait celle d’un désintérêt pour notre patrimoine et notre culture... je ne peux m'y résoudre à le croire.

  • Hypothèse n°3, une décision solitaire non partagée, ou avec seulement son cercle restreint, qui suggèrerait un problème de démocratie interne au sein de l'équipe majoritaire. Cela semble corrélé avec le mutisme et l'absence de réaction des élus en charge de la culture, des écoles, du patrimoine, de l'urbanisme, du tourisme, de l'attractivité, du devoir de mémoire... souvent pour beaucoup des enseignants, qui ont habituellement un réel appétit pour la culture et de l'histoire.

Dans les trois cas, c’est une faute politique personnelle majeure car c'est un acte délibéré.
Il faut signaler que Madame la Maire n'a pas été prise au dépourvue sur ce dossier car il lui aurait été facile d'acheter le bien, sans même modifier ses choix de politiques publiques de 2023, ayant été informée de la vente dès la fin 2022 - début 2023. Elle a fléché au budget et fait voté fin mars 2023: 1.122 millions d'euros pour réaliser les deux prochaines stations du parcours gallo-romain. Il suffisait d'informer le Conseil Municipal que compte tenu de la bonne nouvelle de cette vente surprise, l'achat de la Porte de Mars, une seule station du parcours serait réalisée en 2023 et tous auraient inévitablement applaudi.

Nous souhaitions, malgré les réticences des propriétaires à communiquer sur cette vente, alerter l’opinion publique avant qu’il ne soit trop tard.


Nous avons aussi répondu à la sollicitation de Sud Ouest, déjà informé de nombreux éléments de ce dossier, nous obligeant à rompre notre engagement de discrétion.

Les médias seront d'ailleurs, certainement, un des leviers pour accélérer la prise de conscience de nos décideurs.


Nous aurons tout fait, à notre échelle pour que cette vente puisse se réaliser avec la ville... Et c'est notre rôle d'opposants, mais surtout de porteurs des voix des milliers de périgourdins qui nous ont fait confiance lors des scrutins, que d'être vigilants!


Mais c''est à vous maintenant, habitantes et habitants, d'agir!




Nous appelons les périgordines et les périgordins, ceux résidant en ville, ceux qui n'y résident pas, nos visiteurs de passage, à l'image du mouvement populaire spontané qui a fait suite au déplacement brutal des Messagers de la place Yves Guéna, à se manifester auprès de la Mairie et à interpeller leurs élus, quelques soient leurs étiquettes politiques, pour exprimer leurs souhaits sur ce dossier et changer le cours de l'histoire, qui ne peut en rester là.

Cabinet de la Maire : clement.bijou@perigueux.fr

Copie si vous le souhaitez, pour information* à michel.cadet@perigueux.fr


*Me concernant, vos identités resteront confidentielles et je m'engage à ce qu'aucune donnée (nom ou adresse personnelle) ne soit diffusée et utilisée ultérieurement. Il s'agit uniquement de suivre les réactions des périgourdins sur ce dossier.


Merci de partager largement cette publication!


 

Petit rappel historique pour ceux qui ne connaitraient pas Périgueux:



Notre ville bimillénaire a des atouts avec des quartiers médiéval, renaissance et gallo-romain extraordinaires dont la Cathédrale Saint-Front classée au Patrimoine Mondial de l’Unesco au titre des Chemins de Saint Jacques de Compostelle sur la voie Vézelay.


Sur le plan antique, de nombreux patrimoines remarquables :

  • Dans une architecture audacieuse du XXI siècle, Jean Nouvel, a construit un écrin, le site-musée Vesunna qui présente les origines romaines de Périgueux sur les vestiges d'une grande demeure gallo-romaine et abrite des collections uniques en Aquitaine. Le label "Architecture contemporaine" lui a d'ailleurs été attribué. Cet édifice a été construit, il y a tout juste 20 ans, sous la mandature de Xavier Darcos, maire puis ministre de l’Éducation Nationale.

  • Les vestiges d'un amphithéâtre, comparable par ses dimensions à ceux d'Arles ou de Nîmes, qui pouvait accueillir jusqu'à 20 000 spectateurs, malheureusement largement transformés et détruits au cours des siècles et qui pourraient, pour parties, être valorisés par des fouilles et une mise en valeur des structures enterrée au Nord et bénéficier d'une cristallisation protectrice de l’ensemble de ses ruines.

  • La cella, ou Tour de Vesone, édifice central sacré d'un ancien temple sur le modèle de la Maison Carrée à Nîmes datant du I et II siècle, symbole emblématique, aujourd'hui, de la ville.

  • Une enceinte urbaine du IV siècle composé de trois portes reconnues archéologiquement dont subsistent :

    • La porte dite Normande où un autel taurobolique dédié à la déesse Cybèle fut retrouvé, porte qui dialogue avec des blocs antiques sur lesquels au Moyen-Age des maisons fortes de chevaliers se sont élevés, tels le château Barrière et l'Hôtel d'Angoulême.

    • La Porte de Mars était la porte d'entrée principale de la ville enclose et reste un des rares vestiges connus en France et en Europe avec ce type d'architecture monumentale tardive du Haut Empire. Au cours des siècles suivants des constructions se sont ajoutées, comme c'était souvent le cas sur ces fortifications. De fait, une imposante maison est bâtie sur une partie de la porte. L'ouverture charretière a, quant à elle, été murée au X siècle. Ce monument est en partie visible dans les jardins par-dessus un mur d'enceinte, engoncée dans la superposition de bâtiments et escaliers construits en surplomb.

 

Etude de l'Historien Hervé Gaillard, spécialiste de la Porte de Mars

Ausonius, Institut de Recherche Antiquité et Moyen-Âge

MCC - IE Service Régional de l'Archéologie Aquitaine d'Aquitaine

 

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