Soyons vigilants à ce que nos certitudes de soient pas des oukases définitifs et arbitraires... Cela vaut pour cet épisode relaté ci-dessous, mais aussi pour de nombreuses positions prises par les élus en responsabilité et bien évidemment, à un autre niveau, il faut le reconnaitre, par les plus hautes instances de l'Etat.
Nos mantras: rassurer pour convaincre, expliquer pour justifier, écouter pour amender, retirer pour apaiser.

Ce post me semble souhaitable pour expliquer la différence de perception que chacun peut avoir selon le périmètre de ses préoccupations et sa connaissance du terrain ainsi que les projections intellectuelles qu'il fait sur tel ou tel projet.
Cela vaut tant pour l'élu que pour le citoyen qui n'est pas en responsabilité.
La problématique de l'incompréhension vient souvent de l'interface des réseaux ou des échanges à distance plutôt que du parler en face à face, de l'influence d'un atavisme politique au détriment d'une plus large adhésion aux dénominateurs communs d'une vie en société, d'une mauvaise information ou communication de part et d'autre, parfois d'une mauvaise foi ou de certitudes malheureuses.
Le budget participatif communal, au plus proche de la vie quotidienne.
Action toujours intéressante que celle de faire participer les habitants à des "petites" adaptations de leur quotidien au sein des quartiers sur des microprojets plus localisés et qui sortent un peu des grandes politiques de la ville.
Pour illustrer le motif de cette publication, un courrier reçu par les élus d'opposition, il y a quelques semaines, suite à la tribune un peu acide du groupe d'opposition municipale de Périgueux dans le bulletin d'avril (texte que vous pouvez trouver dans son intégralité dans un post précédent: https://www.michelcadet.fr/post/manipulation), texte auquel j'ai contribué à l'écriture, particulièrement sur le paragraphe suivant. Ce même paragraphe qui a soulevé la colère justifiée d'une habitante.
Extrait de la tribune de l'opposition:

Extrait du courrier reçue d'une habitante des résidences situées à proximité du bassin d'eaux-vives de Cachepur, publiée avec son aimable autorisation:

Ma réponse personnelle à cette habitante:
Chère Madame,
J’ai été comme vous pour ce projet, à l’origine de ces remarques sur cette critique du choix du budget participatif « Ilot Cachepur » et c’est la raison qui me pousse à vous répondre.
Pour votre information, la page « Expression libre », dans le magazine municipal est limitée à 1 500 caractères, espaces compris. Nos phrases doivent donc être brèves, incisives et efficaces. Il n’y a pas de place pour un long exposé et des arguties comparées.
Je connais bien le site pour avoir été président du club de canoë-Kayak durant de nombreuses années jusqu’en 2022 et avoir organisé sur l’îlot et sur ses abords des manifestations de slalom de niveau départemental et des sélectifs interrégionaux. C’est à l’heure actuelle, le seul bassin d’eaux-vives du département avec celui plus sauvage et plus éloigné de St Mesmin. Cette infrastructure se détériore, les berges s’effritent du fait des inondations et de l’absence de stabilisation, les poteaux sont mal implantés et penchent dangereusement et les filins des portes sportives sont régulièrement sectionnés. Nous réclamions régulièrement un portage du réaménagement par les collectivités avec l’aide de mécènes privés pour le sécuriser et lui redonner sa dimension sportive. Des projets de réaménagement sont régulièrement évoqués, toujours sous le contrôle d’EPIDOR.
Sur ce lieu, se côtoient les sportifs du club et du centre départemental d’entrainement voisin, des pêcheurs, des habitants, parfois des touristes l’été, des scolaires toute l’année… et des SDF qui y élisent leur territoire à la belle saison avec à la clé : chiens, bouteilles cassées, seringues, préservatifs… et un chahut nocturne que vous connaissez bien, j’en suis certain.
Je suis également élu au Grand Périgueux et délégué au climat et à la transition énergétique. Je travaille avec les maires ruraux sur des espaces de biodiversité et des zone humides sensibles à préserver, à renaturer, parfois à promouvoir de manière pédagogique pour nos scolaires et nos visiteurs. C’est un sujet fondamental qui fait l’unanimité chez tous les élus maintenant. Je suis très investi sur ces sujets de l’environnement mais aussi sur ceux du sport étant Médecin Fédéral National de la Fédération Française de Canoë-Kayak.
Tout projet, aussi engageant et qualitatif soit-il, doit donner lieu à une approche plus globale intégrant l’ensemble des usagers et les répercussions à court, moyen et long terme. Les déjections canines que vous mentionnez dans votre courrier et les atteintes à la tranquillité publique seront-elles empêchées par la mise en place d’un espace de biodiversité ?
La gestion de l’espace de Cachepur doit donc se faire dans le cadre d’une approche multifactorielle intégrant toutes les manières de vivre et d’habiter. Ainsi, les jeunes membres du club de canoë-kayak de Périgueux, ont besoin de cet espace sportif qui ne peut-être en même temps un espace de préservation de la biodiversité car pour ce faire, l’îlot devrait être clos et protégé.
Ça pourrait être possible, mais ce-faisant, les jeunes de l’Ecole de Pagaie perdraient leur outil essentiel de développement. Le club de Périgueux perdrait sa labellisation « Ecole Française de Canoë-Kayak » Gardons à l’esprit que cet outil nous a permis par le passé d’avoir, ici plusieurs Champions du Monde de Descente de rivière, en témoignent les affichages sur le Moulin Sainte Claire et qu’il contribue aujourd’hui à l’attractivité de la ville.
Des espaces de biodiversité plus importants en termes de dimensionnement peuvent être présents sur notre territoire proche : la zone humide, rive gauche de l’Isle au Ponteix, en amont du pont du Grand Leclerc (Commune de Boulazac), la confluence exceptionnelle en biodiversité de l’Auvézère et de l’Isle à Antonne, la zone humide remarquable du Lac de Saltgourde à Marsac (proche du golf appartenant à la commune de Périgueux) …
Parler de biodiversité n’est jamais ridicule, ce qui l’est c’est de laisser croire aux habitants qu’avec 10 000 euros, et sur n’importe quel projet portant une étiquette sociale ou environnementale, on va rendre leur quotidien plus agréable, sans tenir compte des conséquences induites des choix qui sont faits. En l’occurrence ici, les répercussions inévitables de cette décision seront rapportées à Monsieur l’Adjoint aux sports [ ], toujours très attentif au devenir du monde sportif et associatif. Je le mettrai d’ailleurs en copie de ma réponse, ainsi que le nouveau Président du Club utilisateur [ ].
Comme vous l’aurez compris, le projet dont vous êtes l’initiatrice est parfaitement louable mais il devra être tenu compte des contraintes multiples et de l’existant. La « Res Publica » relève de l’art de gérer cette complexité.
La violence du propos, si vous l’avez perçu comme tel, ne vous était évidemment pas destinée, et je vous prie de nous en excuser, mais l’exercice est difficile dans un cadre aussi contraint. Pour vous répondre, assez succinctement car j’aurais beaucoup d’autres éléments à vous apporter, j’ai atteint dans ce courrier 5 571 caractères contre 147 caractères dans la tribune libre sur ce sujet !
Je reste à votre disposition pour en discuter.
Je vous remercie de votre écoute et vous assure, Madame [ ], de ma très respectueuse considération.
Michel CADET
Conseiller municipal de Périgueux
Je laisse chacun juge de la forme et du fond. Mais cela doit nous inspirer dans nos échanges avec les autres. Entre-temps un appel téléphonique très courtois avec cette habitante, a permis de discuter et d'échanger sereinement nos points de vues.
Comments