Le juste agacement de nos impuissances.
Mise en cessation de paiement, l'association La Tresse va disparaitre. Elle aura collecté, rien de moins que l'équivalent de 2 000 semi-remorques de vêtements en 15 ans et employé 500 salariés... Sa disparition va générer des dépenses induites inacceptables et insupportables qui auraient pu être évitées. Il manquait 120 000 euros à sa survie et les conséquences de sa liquidation vont entrainer des surcoûts directs et indirects de 600 000 euros... avec une augmentation du volume des ordures à enfouir ou à incinérer et donc de la TGAP. On marche sur la tête!
Edifiant: prenez le temps de lire le communiqué de presse de l'association, qui aura tout tenté pour survivre (Cf annexe en fin de publication).

Extrait d'un texte que j'avais écrit, sur le sujet, il y a environ un an, pour un manuscrit non encore publié:
Le rapport « Égalité climatique : une planète pour les 99% » basé sur des recherches menées par l’Institut de l’environnement de Stockholm, souligne l’écart considérable entre l’empreinte carbone (en CO2) des ultra-riches – dont le mode de vie est gourmand en carbone – et celle du reste de l’humanité.
Les 1% les plus riches (77 millions de personnes) sont responsables des 16 % des émissions mondiales liées à la consommation en 2019. Dit autrement, en 30 ans, les 1 % les plus riches (ultra-riches) ont émis deux fois plus de carbone que la moitié la plus pauvre de l’humanité. Les 10 % les plus riches sont responsables de la moitié des émissions mondiales et annuleraient par leur mode de vie, les économies de carbone générées grâce à l’utilisation de près d’un million d’éoliennes, soit plus que l’ensemble des éoliennes dont nous disposons dans le monde.
C’est, dans ce contexte international, la nécessité portée par le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires Christophe Béchut, en 2023, de décarboner notre économie, de relocaliser de nombreux emplois via l’économie circulaire, de développer une industrie verte basée sur les énergies renouvelables, d’assurer une sécurité alimentaire, de préserver nos réserves d’eau, de réduire les intrants, de limiter la prolifération des pollutions sur terre et sur mer. Ce sont ces actions vertueuses pour le climat qui seront les plus efficaces en termes d’efficacité pour contrer un possible déclin géopolitique et qui nous assureront une vraie souveraineté.
Concernant l’économie circulaire et la seconde vie possible de nos vêtements largement vantée par des slogans de grandes marques de vêtements internationales, qui prônent, de manière intéressée, la récupération de nos habits déjà portés, il faut être vigilant sur de telles stratégies marketing que ces enseignes développent pour verdir leur image et surtout ainsi lever les freins à l’achat. Le recyclage sert d’excuse à la surconsommation et attire de nouveaux clients en magasin…
Selon l’ONG « Fondation Changing Markets », rapporté par « Que Choisir » dans son numéro d’octobre 2023, qui promeut un commerce durable et qui a testé 21 articles munis de traceurs dans différents pays européens, dans la grande majorité, les vêtement sont détruits, transformés en combustible ou en chiffon. Ce fut le cas d’un pantalon neuf de marque C&A, détruit alors qu’il portait encore son étiquette d’origine. Pire certains sont expédiés en Afrique, comme cette jupe de marque H&M, qui a parcouru 25 000 kilomètres avant d’atterrir sur un terrain vague au Mali…

Seul un quart des habits testés a été revendu en Europe en seconde-main. L’ONG dénonce la supercherie marketing des grandes enseignes de mode, s’appuyant sur de justes scrupules écologiques des consommateurs.
Plus grave encore, l’« ultra-fast-fashion » inonde le marché de vêtements peu chers à l’image des marques Shein, Primark, Temu ou Boohoo dont les prix de vente neuf sont … moins élevés que des vêtement vertueux recyclés.
Les associations de collecte pour le plus démunis (Emmaüs France, Croix Rouge…) et celles de recyclage débordent de sacs de vêtements hors d’usage et jettent l’éponge pour la première fois. Les clients français ou étrangers n’en veulent plus. Ces produits contiennent des fibres synthétiques que l’on ne peut ni recycler pour le BTP, ni incinérer. « La surconsommation, la fast mode est faite de produits non recyclables et non réutilisables qui polluent la filière er notre environnement » explique la Croix Rouge.
La conséquence indirecte est une perte de revenus importante pour ces organismes caritatifs dont le modèle économique provenait pour une large partie de ces ventes, souvent à hauteur d’un tiers ou de la moitié de leurs recettes. Ne soyez pas surpris du retrait sine-die ou de la fermeture des 47 000 containers de dépôt de textiles partout en France. « C’est plus rentable d’acheter du neuf à bas prix, que de se rendre dans une friperie où les prix ont augmenté » déplore Sarah Lavollée, responsable d’une association « Actif insertion » à Dieppe rapportée par le site Acti.fr.
Mais peut-on empêcher nos concitoyens d’acheter pas cher, quand le pouvoir d’achat est en berne ? Le malus écologique qui va frapper ces importations sauvera-t’il notre économie textile moribonde, nos associations et nos entreprises d’insertion qui travaillent autour des friperies et du recyclage des textiles ? Rien n’est moins sûr.
Une véritable bombe économique et écologique à l’échelle planétaire, que personne n’a réellement anticipé.
A l’heure où j’écris ces lignes, c’est le temps du Black Friday … La France, un des plus grands importateurs de textile, de vêtements (12 milliards d’euros en 2023, 30 000 points de vente, 46 unités textiles achetées par an et par personne en France), en provenance de Chine, du Bangladesh et du Vietnam favorise ces productions peu qualitatives, à des coûts anormalement bas et des conditions de travail, notamment celles des enfants, très discutables. Pour dynamiser nos commerces de vêtements, nous favorisons par de larges écrans publicitaires et des stimuli pavloviens, le Black Friday, les soldes, les ventes à prix cassés, les ventes privées, les ventes flash, le Discount, les promotions, les ventes dégriffées, rendant caduques notre connaissance de la valeur intrinsèque de l’objet qui peut être vendu à 15% de sa valeur initiale.
Pour encourager une industrie textile plus durable il faudra que chacun achète une plus petite quantité de produits de meilleure qualité qui pourront être réparés plutôt que jetés. Dans un monde où plus de la moitié des vêtements sont fabriqués à partir de polyester bon marché, les plastiques jetables que l'on porte constituent un problème bien plus grave que les sacs dans lesquels ils ont été livrés et qui font souvent la une des controverses. Plus de 70% de l’empreinte carbone totale d'H&M, par exemple, provient de la production elle-même des vêtements, selon un rapport de 2020, et environ 8% proviennent des emballages. Patagonia, un autre détaillant a décidé de continuer à utiliser des sacs en polyéthylène après qu'une étude interne a révélé que 30% des articles qui n'étaient pas emballés étaient endommagés au point de devenir invendables.
Parmi les bonnes pratiques que revendiquent les petits commerces de centre-ville pour résister, on note le positionnement premium, écoresponsable, made in France, mais aussi des services, du conseil, la personnalisation et des formes de regroupements de commandes. Une révolution qui privilégie le « casual » ludique et simple (tee-shirt, sweat-shirt, robe) plutôt que le vêtement formel (costume…), le « phygital », méthode de marketing qui combine la vente dans les magasins et l'e-commerce, la friperie premium, le mode-truck, le « sourcing » tricolore.
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