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Bilan carbone et filière bois

La filière forêt-bois fait aujourd'hui l'objet d'une attention particulière car elle constitue un élément clé des politiques de lutte contre le réchauffement climatique.

Elle contribue d'une part, au stockage du carbone dans l'écosystème forestier et dans les produits bois, et d'autre part, à la séquestration annuelle du carbone via la croissance des arbres. C'est aussi un habitat de multitudes espèces qui participe à l'équilibre écologique.

Toutefois, du fait du changement climatique, et notamment des périodes de sécheresse récurrentes, la séquestration de carbone en forêt a été divisée par deux au cours de la dernière décennie et la tendance pourrait se poursuivre dans le futur.

Dans le cadre des débats sur l'atténuation des effets du changement climatique, deux stratégies relative à la filière forêt-bois sont souvent présentées. La première consiste à augmenter le stock de carbone contenu dans la forêt en réduisant son exploitation, tandis que la seconde consiste à exporter une partie du carbone des forêts vers des matériaux bois à durée de vie longue. C'est cette seconde option que la stratégie nationale bas carbone, en cours de révision, privilégie.

Les chiffres de la forêt en France


La forêt métropolitaine française couvre 17,1 millions d’hectares (M ha), dont 12,8 M ha de forêts privées, 1,5 M ha de forêts domaniales et 2,8 M ha de forêts communales.


La majeure partie de la forêt privée est détenue par des propriétaires possédant plus de 10 hectares : 24 % par des propriétaires possédant plus de 100 hectares, 37 % par des propriétaires détenant entre 10 et 100 hectares, 14 % par des propriétaires détenant entre 4 et 10 hectares et 24 % par des propriétaires détenant moins de 4 hectares.


La superficie forestière métropolitaine est en constante augmentation. Entre 1985 et 2022, elle s’est étendue sur 3,0 M ha (+ 20 %), notamment sur des terres agricoles en déprise, quand dans le même temps le volume de bois sur pied a augmenté de un milliard de mètres cubes (+ 56 %).


La hausse du volume de bois sur pied est ainsi davantage liée à la capitalisation des peuplements préexistants qu’à la croissance de la surface forestière.


La forêt est majoritairement composée de peuplements monospécifiques4 (47 % de la surface) devant les peuplements à deux essences (34 %) et plus (19 %). Les peuplements sont pour la plupart composés de feuillus (67 % de la surface forestière totale).


La forêt en Dordogne


La conclusion de la note d'analyse de France Stratégie de juillet 2023


En matière de gestion forestière, si à court et moyen terme la stratégie de moindre exploitation apparaît la plus adaptée quant à la préservation de la biodiversité et la séquestration de carbone, à plus long terme, du fait du vieillissement des peuplements et de leur vulnérabilité accrue aux effets du changement climatique, elle pourrait se révéler moins performante en matière d’atténuation.

De nombreuses incertitudes pèsent toutefois sur le bilan carbone comparé des deux stratégies, qu’il s’agisse de la croissance forestière et de la mortalité (qui sont affectées par le changement climatique), des coefficients de substitution du bois matériau et du bois énergie (qui pourraient être revus à la baisse avec la décarbonation des secteurs de la construction et de l’énergie), ou bien encore du niveau d’incorporation de bois recyclé dans les matériaux (qui pourrait allonger la durée de vie des matériaux bois).


Plus qu’un choix unique de gestion pour la forêt, la gestion forestière devra être adaptée aux caractéristiques des peuplements. Pour ce faire, un travail local de caractérisation de l’état de santé, d’identification de la biodiversité et d’évaluation de la vulnérabilité des peuplements face aux effets du changement climatique devra être conduit. Il permettra d’identifier les forêts à forte naturalité afin de les protéger et de privilégier l’exploitation et le renouvellement de celles présentant ou qui pourraient présenter des difficultés de croissance.

En matière de filière aval, le bois énergie contribue à l’indépendance énergétique de la France et constitue un substitut aux énergies fossiles.

Toutefois, il conviendrait de considérer le bilan carbone réel du bois-énergie afin d’évaluer son utilisation optimale. En effet, l’idée selon laquelle le bois énergie est neutre en carbone est peu représentative des phénomènes biogéochimiques et pourrait conduire à un recours excessif au bois énergie.

Une méthodologie devrait être développée pour rendre compte des émissions réelles inhérentes à la combustion du bois, tant dans la réglementation que dans les bilans carbone réalisés par les industries et les entreprises. Afin d’améliorer le potentiel d’atténuation de la filière forêt-bois, il serait opportun de réorienter une partie du bois énergie vers la production de matériaux à durée de vie longue, tels les panneaux et les isolants nécessaires à la rénovation énergétique des bâtiments.

Cela passera par le développement des industries de première et de deuxième transformation, ainsi que par la mise en place d’outils adaptés au gisement feuillu de la forêt française. De plus, une réorientation des soutiens publics du bois énergie vers la filière bois industrie de production de matériaux bois à durée de vie longue serait souhaitable.


 

La note d'analyse complète de France Stratégie

 

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